Réindustrialisation et décarbonation, quelle place pour l'industrie angevine ?

Si la réindustrialisation de la France est engagée depuis quelques années elle est fortement concentrée sur les régions historiquement industrielles du nord et de l'est de la France qui captent l'essentiel des investissements. Les régions de l’Ouest, Pays de la Loire, Bretagne restent plus en retrait mais peuvent relever le défi.
réindustrialisation et décarbonation, deux enjeux majeurs pour l’industrie française
La réindustrialisation constitue un enjeu de souveraineté et de compétitivité essentiel pour la France. L'industrie génère un effet multiplicateur considérable sur l'économie : 1 à 2 emplois supplémentaires sont créés indirectement par l’emploi industriel, notamment dans les services. Elle constitue également l'essentiel des exportations françaises et stimule l'innovation technologique.
Le second grand enjeu concerne la décarbonation de l'industrie, qui représente 20% des émissions de gaz à effet de serre et 20% de la consommation énergétique du pays. L'objectif est ambitieux : réduire de moitié les émissions industrielles d'ici 2030 avant d'atteindre la neutralité carbone en 2050.
Les Pays de la Loire : une région en retrait malgré ses atouts
Les Pays de la Loire, 6ème région industrielle française en nombre d'emplois, se classent en avant-dernière position pour les montants investis dans l'industrie en 2023 avec 545 millions d'euros, soit 2 à 3% des investissements nationaux.
Son profil industriel qui s’appuie sur un tissu économique plus récent est moins concerné par les industries lourdes et polluantes contrairement aux territoires du nord et de l'est. Elle est donc moins prioritaire pour les soutiens massifs à la décarbonation.
L'industrie angevine : des spécificités à valoriser
Le Pôle métropolitain Loire Angers (PMLA) représente plus du tiers des emplois industriels de l'Anjou (35,6%), avec plus de 20 000 emplois concernés et se positionne comme le deuxième moteur du département derrière le secteur Mauges/Choletais. Angers Loire Métropole (ALM) concentre à elle seule près de 26% des emplois industriels du département, soit à peu près autant que l’agglomération de Cholet.
Une spécialisation dans l'électrique/électronique
Malgré un tissu particulièrement diversifié, l'industrie angevine présente quelques atouts sectoriels distinctifs. Cinq secteurs se distinguent par leur poids supérieur à la moyenne nationale : la fabrication d'équipements électriques (3,8 fois la moyenne nationale), l’industrie automobile (2,1), l’industrie pharmaceutique (2,04), la fabrication de boissons (1,84) et la plasturgie (1,54).
La filière électrique/électronique constitue la véritable spécificité angevine, avec plus de 600 établissements et 5 300 salariés dans le PMLA, dont 91% sur ALM. Cette filière, qui s'appuie sur des entreprises comme Valeo (plus de 1 000 salariés), Artus-Meggitt, Evolis et Atos-Bull, bénéficie d'un écosystème complet incluant formation, recherche et clusters spécialisés.
Vers une décarbonation et une industrie verte
Après une période difficile, l'industrie angevine fait preuve de résilience et connaît une croissance plus dynamique que la moyenne depuis 2016 (+1,9% par an contre +0,6% en moyenne nationale).
Certaines entreprises angevines s’engagent déjà à réduire leur impact environnemental en réduisant les émissions de CO2 des processus industriels, c’est ce que l’on appelle la décarbonation de l’industrie. C’est le cas d’entreprises innovantes comme Expliseat qui produit des sièges d'avion ultralégers contribuant ainsi à réduire l’empreinte carbone des avions ou encore Néolithe qui transforme des déchets en granulats pour la construction.
Mais la transition écologique de l’industrie passe aussi par une industrie verte, ce sont des entreprises qui créent directement des solutions écologiques comme Triade Electronique qui recycle des déchets électroniques ou VoltR qui reconditionne des batteries au lithium.
Pour faire face aux défis conjugués de la réindustrialisation et de la décarbonation, l'industrie angevine dispose d'atouts réels mais devra s’appuyer sur un modèle adapté à ses spécificités locales. Sa spécialisation dans l'électrique/électronique, secteur clé de la transition énergétique, et son tissu d'entreprises innovantes constituent des fondements solides pour une industrie plus vert(ueuse) et compétitive.